samedi 17 novembre 2018

82. CITATIONS CHOISIES

 
On vous répète à l’envi que prendre une douche
plutôt qu’un bain permettra d’économiser
les ressources hydriques de la planète ?

En réalité, 92 % de l’eau utilisée sur la planète l’est
par l’agriculture et l’industrie.


Vous triez, vous compostez ?
Mauvaise nouvelle, les déchets des ménages représentent
seulement 3 % de la production totale de déchets aux Etats-Unis
et 8,3 % en Europe.


Aussi incroyable que cela puisse paraître
à tous ceux qui sont habités
par un sentiment d’urgence écologique absolue,
ce sujet n’attire pas les foules.

D’après de nombreux scientifiques,
il ne resterait plus que quelques années pour réagir.
Mais comment ?

Les mobilisations contre le changement climatique sont ridiculement faibles
et, bien souvent, les néo-écolos ne savent pas très bien par quoi commencer,
s’épuisent dans des petites actions à faible impact,
s’épanouissent dans des projets qui ne font pas encore système
avec les organisations sociales, politiques, économiques qui les entourent.
.


Cyril Dion
"Petit manuel de résistance contemporaine"



82. CYRIL DION - Petit manuel de résistance contemporaine


Que faire face à l’effondrement écologique qui se produit sous nos yeux ?
Dans ce petit livre incisif et pratique, l’auteur de Demain 
s’interroge sur la nature et sur l’ampleur de la réponse à apporter à cette question.
 Ne sommes-nous pas face à un bouleversement 
aussi considérable qu’une guerre mondiale ?
Dès lors, n’est-il pas nécessaire
d’entrer en résistance contre la logique à l’origine
cette destruction massive et frénétique de nos écosystèmes, 
comme d’autres sont entrés en résistance contre la barbarie nazie ?
Mais résister contre qui ? 
Cette logique n’est-elle pas autant en nous qu’à l’extérieur de nous ?
Résister devient alors un acte de transformation intérieure
autant que d’engagement sociétal…

Avec cet ouvrage, Cyril Dion propose de nombreuses pistes d’actions : 
individuelles, collectives, politiques, mais, plus encore,
 nous invite à considérer la place des récits 
comme moteur principal de l’évolution des sociétés. 
Il nous enjoint de considérer chacune de nos initiatives 
comme le ferment d’une nouvelle histoire
 et de renouer avec notre élan vital.
À mener une existence où chaque chose que nous faisons, 
depuis notre métier jusqu’aux tâches les plus quotidiennes,
 participe à construire le monde dans lequel nous voulons vivre. 
Un monde où notre épanouissement personnel 
ne se fait pas aux dépens des autres et de la nature, 
mais contribue à leur équilibre.





lundi 22 octobre 2018

81. PABLO SERVIGNE - RAPHAËL STEVENS - Comment tout peut s'effondrer




Et si notre civilisation s'effondrait ? 
Non pas dans plusieurs siècles, mais de notre vivant. 
Loin des prédictions Maya et autres eschatologies millénaristes, 
un nombre croissant d'auteurs, de scientifiques et d institutions 
annoncent la fin de la civilisation industrielle 
telle qu' elle s est constituée depuis plus de deux siècles.
 Que faut-il penser de ces sombres prédictions ? 
Pourquoi est-il devenu si difficile d'éviter un tel scénario ?




81. CITATIONS CHOISIES


Dans l’univers d’un élevage de dindes,
tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes :
l’éleveur vient tous les jours donner des grains
et il fait toujours chaud.
 Les dindes vivent dans un monde de croissance et d’abondance...
jusqu’à la veille de Noël !
S’il y avait une dinde statisticienne spécialiste de la gestion des risques,
le 23 décembre, elle dirait à ses congénères
qu’il n’y a aucun souci à se faire pour l’avenir...
.

L’histoire du carbone et de son complexe techno industriel 
est probablement le plus grand verrouillage de l’histoire. 
« Les “conditions initiales”, 
l’abondance de charbon ou de pétrole, 
mais aussi des décisions politiques encourageant 
une source d’énergie plutôt qu’une autre [ont déterminé] 
les trajectoires technologiques sur une très longue durée. »
 
 Aujourd’hui, si on retire le pétrole, le gaz et le charbon, 
il ne reste plus grand-chose de notre civilisation thermo-industrielle. 
Presque tout ce que nous connaissons en dépend : 
les transports, la nourriture, les vêtements, le chauffage, etc. 
La puissance économique et politique des majors du pétrole et du gaz 
est devenue démesurée, à tel point que 90 entreprises mondiales 
ont été à elles seules responsables de l’émission 
de 63 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1751. 
.

Pire, les partisans de la transition énergétique (vers les renouvelables) 
ont besoin de cette puissance thermique 
pour construire un système énergétique alternatif. 
Le paradoxe est alors plutôt cocasse : 
pour espérer survivre, notre civilisation doit lutter 
contre les sources de sa puissance et de sa stabilité, 
c’est-à-dire se tirer une balle dans le pied ! 
Quand la survie de la civilisation dépend totalement 
d’un système technique dominant, 
c’est le verrouillage ultime. 
.

Certes, la possibilité d'un effondrement
ferme des avenirs qui nous sont chers, et c'est violent,
 mais il en ouvre une infinité d'autres,
dont certains étonnamment rieurs.
Tout l'enjeu est donc d'apprivoiser ces nouveaux avenirs,
et de les rendre vivables.
.
 
 Pablo Servigne- Raphaël Stevens
"Comment tout peut s'effondrer"
 
.



lundi 30 juillet 2018

80. HENRI VINCENOT - Le pape des escargots - Les étoiles de Compostelle




Dans les Hauts forestiers de Bourgogne vit un chemineau truculent surnommé La Gazette. Paré d'attributs bizarres, il joue les prophètes et se dit «pape des escargots» et immortel. Il mendie mais apporte en échange sa bonne parole.
La Gazette va être mêlé incidemment au destin de Gilbert, un jeune paysan qui se révèle exceptionnellement doué pour la sculpture. Ensemble et à l'écart du monde moderne, ils vont vivre les aventures singulières réservées aux inspirés et aux poètes. La Gazette considère Gilbert comme son fils spirituel. Aussi essaie-t-il d'intervenir dans sa vie professionnelle et dans sa vie privée.
Dans cette histoire truculente, contée admirablement par Henri Vincenot, la Bourgogne et ses monuments spirituels reçoivent un éclairage nouveau qui nous les montre à la fois dans leur grandeur mystique et dans leur beauté populaire et quotidienne.





 XIIIe siècle. Les «essarteurs» vous prenaient une forêt chenue et, en vingt ans, vous en faisaient un versant fertile. Jehan le Tonnerre était de ceux-là, sauvages et farouches comme des chevreuils, tenus en lisière par les gens des villages, quand la curiosité et la fatalité l'ont mené jusqu'au chantier de construction d'une abbaye cistercienne. Et le voilà bientôt enrôlé par les Compagnons constructeurs, ces «Enfants de Maître Jacques», mystérieux «Pédauques» dont il fera partie après une longue initiation.
Vincenot se fait plus que le chroniqueur de cette singulière aventure, à la fois mystique et quotidienne, des bâtisseurs de cathédrales : «Ces gens, ces pays, ces édifices, je les ai vraiment vus, touchés, respirés avec les yeux, les mains, les poumons de Jehan le Tonnerre...
J'ai pensé alors que j'étais le "retour" de Jehan le Tonnerre, à sept cents ans de distance, dans le cercle d'Abred...»





 
  
 


80 . CITATIONS CHOISIES



- On m'a dit que toi, tu pourrais me répondre là-dessus! Moi, je ne comprends pas que, pour la protéger de la pluie, on se donne tant de peine pour mettre tout simplement un plafond et un toit sur les murs de votre église.

Le Prophète poussa un des ces rugissements dont il prétendait s'éclaircir la voix:

-Ecoutez-moi ça! hurla t-il. La pluie?! Est-il bien question de la pluie?...La pluie? En vérité?...Garçon! La voûte, montée et posée sur les murs et ses piliers, remplace tout simplement le dolmen (il prononçait "taol-men"), la lourde pierre-table de nos mégalithes, posée sur les pierres levées...(...)En vérité je vous le dis, ces basiliques, ces églises, comme vous dites, sont des dolmens perfectionnés, des instruments de régénération humaine par...

On n'entendit pas la suite.

Henri Vincenot
"Les étoiles de Compostelle"
.


Les artistes sont l’élite ! L’élite était le levain des campagnes et les campagnes se vident vers la capitales pour y faire des chiens savants ! Gilbert et moi ? Nous sommes les dernières racines qui vous retiennent encore à votre sol… Moi, je sers le Verbe, lui est le prêtre de la Forme, c’est la seule différence ! Nous sommes tous deux les dernières gouttes de ce sang qui a porté la vie de l’esprit dans tous les recoins des combes bourguignonnes ! Après nous, vous vivrez comme des ilotes, parce que vos derniers grillons se seront tus, et vous crèverez d’ennui, alors vous ferez comme les autres, vous irez les rejoindre dans leurs cités modèles… »
Et d’abord, ce n’est pas une chapelle, c’est un système imaginé pour tirer la santé du fond de la terre ! C’est moi le grand druide qui te le dis !
(…)
Au fond du trou brillait une eau transparente et, parmi les gravats, ils trouvèrent une figure grossière de femme assise posant le pied sur un serpent.
– le puits celtique ! Râlait la Gazette. Le contact d’eau ! La Dame-de-sous-terre avec son pied sur la Vouivre !
(…)
Non, je ne me suis pas trompé : c’est pour capter la Vouivre que j’avais fait construire cette chapelle sur l’emplacement de notre Dolmen brisé par Saint Martin, saint Martin l’iconoclaste !
(…)
Et ce porc paraissait tenir un fil et un fuseau.
– et voilà la truie ! cria le vieux.
– la truie ? demanda Gilbert.
– oui. C’est la signature du Druide. Partout où tu verras une truie, il y a un druide ! Car en celte, les mots « truie » et « druid » sont presque les mêmes. La truie qui file, c’est le druide qui remonte le fil de la connaissance, c’est l’Initie !
Tu verras des cochons qui filent dans les recoins les plus discrets des cathédrales  de la bonne époque. Il y a une truie qui file à Chartres, à Autun, à  Notre Dame, et bien d’autres encore. (…) Les derniers grands druides ont fait comme moi : ils sont entrés dans les ordres, pas si bêtes !
« Appris ? ricana la Gazette, croyez-vous qu’on apprenne ces choses ? On les connaît depuis des millénaires, ou plutôt elles vous possèdent depuis le commencement du monde ! Il suffit d’avoir la simplicité de bien vouloir se laisser faire… Le talent, monsieur, c’est l’obéissance, l’acceptation. Notre Gilbert est celui qui a accepté d’être l’interprète, en toute humilité…
– Ta passion mégalithique ne t’a pas coupé l’appétit, je parie ?
- Bien au contraire. Tu sais que le jeûne est de rigueur pour le solstice…
– Je sais que le carême… Disait le chanoine
– … Qui encadre le solstice… Coupait le vieux.
– … Mais qui précède l’agonie du Christ… Continuait l’abbé.
– Pour mieux fêter la résurrection du soleil, continuait le vieux.
(…)
– le jeûne est une nécessité astronomique ! A cette époque solaire, un impératif magnétique, aussi nécessaire que l’inclinaison de l’axe de ta cathédrale de 46 degrés et 54 minutes sur le parallèle  ! Aussi fondamental sur le rapport entre le parallèle et les dimensions de ton sanctuaire ! Aussi inévitable que la place du maître autel là où l’avaient placé les constructeurs, qui étaient de grands initiés ! Aussi conséquent que l’eau des fonts baptismaux ! Aussi impérieux que la construction de vos cathédrales sur les anciens lieux dolmeniques !
– que me chantes-tu là Gazette ? Le solstice te tourne la tête ! Les lieux dolmeniques n’ont aucun rapport avec les cathédrales !
– alors chanoine, dis moi pourquoi la Vierge, dans tes cathédrales, met le pied sur le serpent ? Pourquoi les saints Michel transpercent le dragon de leur lance, sinon pour symboliser le contact du sanctuaire avec la Vouivre, ce courant tellurique, qui affleure là, et pas ailleurs, pour le capter et en faire profiter les hommes ? (…)
La Vierge qui devait enfanter est un symbole vieux comme le monde, curé ! Les vieux Druides honoraient, dans la forêt carnute, à Chartres, la Virgo paritura bien avant la naissance du Christ, clergeon !
Mais tes cathédrales ne sont que des perfectionnements du dolmen ! Regarde les bien. Regarde aussi les dolmens : cette énorme dalle posée sur deux rangées de pierres dressées, c’est la voûte posée sur ses piliers, et tout cela orienté dans le même sens que tous les dolmens du monde ! Aux mêmes endroits. C’est de la pierre sous tension qui capte et amplifie les courants telluriques !la cathédrale, c’est l’athanor parfait, avec contact d’eau !
A la fontaine Belise, pardi, je prie Belisa, épouse et sœur de Belen, grand Dieu des Gaules, un et inconnaissable !
(…)
– C’est la même (la déesse païenne et la vierge Marie), ma mie ! La terre nourricière fécondée sans autre recours que celui du ciel, le pur espoir des hommes ! (…)
– C’est le sceptre d’Osiris, le Dieu ressuscité, symbole du renouveau de la nature qui renaît de sa pourriture. Il figure à la partie supérieure du pschent des Pharaons, puis on le voit dans la main d’Aaron, puis c’est le bâton de Moïse qui refleurit… C’est aussi, hélas ! La crosse de l’évêque, qui n’en mérite pas tant, car c’est l’attribut des Grands Initiés et les évêques d’aujourd’hui ne sont plus que de grands Ignorants, des jean-foutre mitrés qui suppriment les pèlerinages sur les lieux dolmeniques, changent la place géométrique de l’autel dan les sanctuaires, construisent des églises qui ne sont que des halles mortes, sans référence aux astres, ni à l’écliptique, ni au Nombre, ni à l’heptagone.
L’heptagone ! L’étoile à sept branches ! Symbole de l’incarnation ! L’imprégnation du quaternaire matériel par la trinité ! (…)
Tout est musique, ma mie, parce que tout est harmonie, et l’harmonie est rapport…
L’harmonie régit les rapports. Elle s’exprime en nombres. Avec la canne, on peut construire l’univers ou une cathédrale. Une cathédrale qui fonctionne… On peut mettre en harmonie le monument avec la Terre ! (…)
Tout est en harmonie avec le temps, ma mie. La seconde est neuf huitièmes, la tierce est six huitièmes, la quarte est vingt-sept vingtièmes, la quinte est de trois demis, la sixte est de huit cinquièmes… Dans une cathédrale, la tierce donne les chapiteaux du chœur, la quinte donne le chapiteau du triforium et l’octave donne les chapiteaux de base de la voûte… (…)
Tu vas toucher la vierge noire, qui n’est autre que Belisama, la Vierge-de-sous-terre. Elle te donnera le réconfort…
Puis la Gazette continuait par les hauteurs d’Aubigny, saluait les tumulus de Civry, buvait aux sources de la Vandenesse, et longeait les à-pics de Baume, don le soleil au matin sculptait les crevasses et, de là, gagnait Maconge.
Un géographe pouvait voir qu’il longeait ainsi, du haut des belvédères, la ligne de faîte qui partage les eaux entre Seine, Loire et Rhône. En réalité, et si l’on y regarde de plus près, on peut voir qu’il suivait à peu près la grande faille qui coupe la région en deux et gagne le vieux Morvan. Les savants d’aujourd’hui l’appellent la faille de Mâlain. Lui y voyait la tête de la grande Vouivre, ce serpent par lequel les Celtes personnifiaient les courants mystérieux. Pas à pas, il en suivait les méandres, jalonnés par les hauts lieux druidiques, sur les crêtes, aujourd’hui désertes, où l’on n’entend plus que les pattes de renards gratter sur les cailloux.
(…)
Salut Maconge, toit du monde celtique ! Maître des trois versants ! Centre sacré du triangle des eaux ! Tête de la Vouivre source d’éternelle jeunesse !
Je tire ma force de la terre. Du contact de la terre. Si les Saintes écritures disent : « ôte ta chaussure de ton pied, et cætera, et cætera », c’est pour que le pied soit en contact direct avec notre sainte Terre, vierge et mère ! Dans vos voitures, avec vos semelles de caoutchouc, vous êtes des cadavres ambulants ! Isolés de votre mère, comment voulez-vous recevoir le courant qui donne la Grande Illumination ?
(…)
Vandalisme clérical
Le premier scandale ce sont ces chaises, ces bancs qui encombrent ce sanctuaire qui doit être un »chemin » que l’homme doit parcourir dans le bon sens, pieds nus ! C’est ainsi que vos ingénieurs fabriquent l’électricité : ils font tourner un rotor dans un champ magnétique ? Pas vrai ? Dites moi que je me trompe ! La voûte est calculée pour capter le courant magnétique et baigner l’homme qui suit le chemin en dansant, dans le sens inscrit…
Ce sens était inscrit dans le sol, le vrai sol de ton église ! (…)
Ton église, curé, est un violon dont les ignorants ont bouché les ouïes et enlevé les cordes ! Haha ! Il ne vibre plus depuis longtemps ton violon ! Et pour comble, vous avez déplacé l’autel, et vous avez mis l’officiant à l’envers du courant qu’il doit recevoir et transmettre !
– et quel serait le but de toute cette magie ? demandait l’archiprêtre amusé ?
– transformer l’homme, curé. L’ouvrir aux lois de l’harmonie naturelle qui lui donne l’équilibre psychique et corporel, source de santé et de bonheur !
– tu sens cela, Gazette, lorsque tu entres dans une église ?
– vous y avez faussé tellement de choses que le vieil athanor est détraqué… Mais il marche encore un tout petit peu. Oui je sens cela. Nous, les poètes, nous percevons ces choses mieux que les autres ! Ces rythmes nous atteignent jusqu’au tréfonds ! (…)
Mais le vieux continuait : il montrait les tiges perlées, les ours dressés, les combats de coq, les acanthes, qui n’étaient que de la chélidoine, symbole celtique, les feuilles de charme, sculptés dans la pierre.
Il y voyait, lui, les clairs témoins du druidisme le plus pur.
(…)
La Gazette faisait à sa façon l’exégèse de chaque chapiteau, il retrouvait Balaam, le Moabite, le pourfendeur d’Hébreux, il retrouvait son âne, encore un âne ! Ou plutôt une ânesse du bestiaire du douzième siècle, dont aucun guide ne donnait judicieuse interprétation. Il retrouvait la chouette que les maniaques de l’hellénisme appellent, on ne sait trop pourquoi, Minerve-Athena, il retrouvait le cochon du cinquième pilier, l’ours et les sangliers et les deux vouivres embrassées. Tout pour lui était la preuve que l’édifice avait été construit pour soigner et guérir l’humanité en captant et en amplifiant cette Vouivre dont il radotait sans cesse.
(..)
Pourquoi, dans votre liturgie, ces invocations à l’étoile de mer ? A l’arche d’alliance ? A la porte du ciel ? A la tour d’ivoire ? Au siège de la connaissance ?
(…)
Tu lui diras, à ton archiprêtre, que la Vouivre est là dessous  ! Si elle n’était pas là, auraient-ils ménagé, entre les deux tours, une chapelle dédiée à Saint Michel ? Saint Michel qui transperce le dragon de sa lance, c’est le signe : le dragon, c’est la Vouivre, le cheval c’est le Kabbale, et Saint Michel, c’est l’Initié qui sait entrer en contact avec la Vouivre et est capable de la dompter. Voilà la clé !…
(…)
Ce sont les allusions les plus transparentes aux recherches philosophales, avec cet adepte portant matras, autour de la Mère Suprême, la Ghae des grecs, la terre matrice d’où tout est sorti ! Voici même ce qu’ils appellent, faute de mieux, « la dormition de la Vierge ». Cela ne fait-il pas plutôt penser eux vers de Salomon à la fin du Cantique des Cantiques : « oh ! N’éveillez pas la belle avant que le temps n’en soit venu ! ».
A propos de mandorles, ces amandes énormes d’où sortent les Christ en gloire, sur les tympans des onzième et douzième siècles, savez-vous leur signification profonde ?
La mandorle, c’est tout simplement la vulve ! Haha, la vulve originelle qui nous livre le fils de l’homme ! Haha !
Mais moi, Gazette, Grand Druide, pape des escargots, je vas vous répondre : cette chimère n’est ni dans la bible, ni dans l’évangile : c’est la Vouivre ailée des gaulois, et ce cochon, encore une fois, c’est la truie, l’emblème druidique… Et tout cela signifie que ce sanctuaire est un athanor druidique, bande de crapauds vérolés !
(..)
– Cet escargot est le point le plus émouvant de tout l’édifice. Il explique tout.
– un escargot qui explique ?
– l’escargot donne le sens de la giration du monde, l’environnement de tout ! Ici, il signifie que l’édifice est le « Lieu des Forts », que c’est un vase dont le contenu se divinise ! L’escargot prouve que le courant vital, Spiritus mundi, est ici concentré et capté pour réaliser la mutation de l’homme !
Écoutez donc ce que disait Saint Augustin : « … Ce que l’on appelle aujourd’hui « religion chrétienne » existait chez les Anciens et n’a jamais cessé d’exister depuis le commencement des temps, jusqu’à ce que le Christ étant venu, on commençât d’appeler « chrétienne » la vraie religion qui existait dès le commencement du monde ! »
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Henri Vincenot
"Le pape des escargots"
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dimanche 6 mai 2018

79. FRANCOIS CHENG : Cinq méditations sur la mort

 
 
 
 
Comme ses Cinq méditations sur la beauté,
ce texte de François Cheng est né d’échanges avec ses amis,
auxquels le lecteur est invité à devenir partie prenante.
Il entendra ainsi le poète, au soir de sa vie,
s’exprimer sur un sujet que beaucoup préfèrent éviter.
Le voici se livrant comme il ne l’avait peut-être jamais fait,
et transmettant une parole à la fois humble et hardie.

Il n’a pas la prétention de délivrer un « message » sur l’après-vie,
ni d’élaborer un discours dogmatique,
mais il témoigne d’une vision de la « vie ouverte ».
Une vision en mouvement ascendant qui renverse
notre perception de l’existence humaine,
et nous invite à envisager la vie à la lumière de notre propre mort.
Celle-ci, transformant chaque vie en destin singulier,
la fait participer à une grande Aventure en devenir.
 
...
 


 
 
 

79. CITATIONS

 
 
Très tôt, donc, j'ai pris conscience que c'était la proximité de la mort
 qui nous poussait dans cette ardente urgence de vivre,
 et que surtout la mort était au-dedans de nous comme un aimant
 qui nous tirait vers une forme de réalisation.
.
 
N'oublie pas ceux qui sont au fond de l'abîme,
Privés de feu, de lampe, de joue consolante,
De main secourable...Ne les oublie pas,
Car eux se souviennent des éclairs de l'enfance,
Des éclats de jeunesse - la vie en échos
Des fontaines, en foulées du vent -, où vont-ils
Si tu les oublies, toi, Dieu de souvenance?
.
 
Puisque tout ce qui est de vie
Se relie,
Nous nous soumettrons
À, la marée qui emporte la lune,
A la lune qui ramène la marée,
Aux disparus sans qui nous ne serions pas,
Aux survivants sans qui nous ne serions pas,
Aux sourds appels qui diminuent,
Aux cris muets qui continuent,
Aux regards pétrifiés par les frayeurs
Au bout desquelles un chant d'enfant revient}
A ce qui revient et ne s'en va plus,
A ce qui revient et se fond dans le noir,
A chaque étoile perdue dans la nuit,
A chaque larme séchée dans la nuit,
A chaque nuit d'une vie,
À chaque minute
D'une unique nuit
Où se réunit
Tout ce qui se relie'

A la vie privée d'oubli
A la mort abolie 
.
 
François Cheng
"Cinq méditations sur la mort"
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dimanche 14 janvier 2018

78. DAN BROWN : Origine




Robert Langdon, le célèbre professeur en symbologie,
arrive au musée Guggenheim de Bilbao 
pour assister à la conférence d'un de ses anciens élèves,
 Edmond Kirsch, un éminent futurologue
spécialiste des nouvelles technologies. 

  La cérémonie s'annonce historique car  Kirsch s’apprête à livrer 
les résultats de ses recherches qui apportent  une réponse
aux questions fondamentales sur l'origine et le futur  de l’humanité.
Mais  la soirée va brusquement virer au cauchemar.
Les révélations de Kirsch risquent d'être perdues à jamais. 
Contraint de quitter précipitamment Bilbao,
Langdon s'envole pour Barcelone en compagnie d'Ambra Vidal,
 la directrice du musée.
Ensemble, ils vont se lancer en quête d'un étrange mot de passe
qui permettra de dévoiler au monde la découverte de Kirsch. 

Mêlant avec bonheur codes, histoire, science, religion et art,
Dan Brown nous offre avec Origine
son roman le plus ambitieux et le plus étonnant.




Une histoire haletante, qui fait réfléchir...
et qui pose des questions essentielles,
non seulement sur l'origine et la destination de l'homme,
mais aussi sur la place grandissante
de l'intelligence artificielle dans nos vies.

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78. CITATIONS CHOISIES

 
 
En passant dans l'autre pièce, Langdon se trouva nez à nez
avec un immense tableau, éclairé avec soin comme dans un véritable musée.
(...)
Il s'agissait de l'une des œuvres majeurs de Paul Gauguin
-ce post-impressionniste ,
précurseur des symbolistes de la fin du XIXème siècle,
avait ouvert la voie à l'art moderne.
 
En s'approchant, Langdon s'aperçut à quel point
la palette du peintre était semblable à celle de Gaudi,
 un mélange organique de bruns, de verts, de bleus.
le tout décrivant une scène des plus naturalistes.
 
Malgré la collection étonnante d'animaux et de personnages,
 le regard de Langdon fut aussitôt attiré par la cartouche jaune pâle
dans l'angle supérieur gauche qui portait le nom de l'œuvre.
 
D'où venons-nous ?
Que sommes-nous ?
Où allons-nous ?
 
Ambra rejoignit Langdon devant le tableau.
-Edmond disait vouloir être confronté à ces questions
chaque fois qu'il rentrait chez lui.
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Dan Brown
"Origine"
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